Un ami de passage

II est sept heures du soir. J'ai pris une bonne douche. De la cuisine, les odeurs de mon plat préféré font frémir mes narines et mes papilles. Le feu de bois illumine l'âtre. Volets et tentures sont bien fermés. Ma soirée s'annonce tranquille. Et, contrairement à ce que les gens croient, une femme seule un soir peut ressentir tout autre chose que de la peur ou de l'ennui. Non, je ne m'ennuie pas dans un pareil moment. J'ai la douce sensation que mon cocon est bien calfeutré.

Brusquement, la sonnerie retentit dans le hall d'entrée. Ma quiétude s'évanouit. Bougonne, je vais ouvrir.

Par la porte entr'ouverte (entrouverte), le vent s'engouffre et une silhouette bizarre apparaît (apparait). Au premier regard, c'est un étranger. Imperceptiblement, quelque chose m'intrigue en lui jusqu'à m'attirer: ses yeux ont des reflets d'ailleurs! "Bonjour, me dit le personnage d'une voix cristalline comme dans un phylactère d'une bande dessinée féerique (féérique), je suis de passage." La musique des mots, bien plus que leur contenu, réveille mon souvenir: c'est mon ami Paul (Pol), que je n'ai plus vu depuis une éternité. "Je reviens de loin, poursuit-il, laisse-moi te conter ce qui s'est passé." Les yeux hagards et la main tremblante, je le laisse entrer et tout bascule en moi.

Oui, il a bourlingué, par monts et par vaux, dans les hautes mers et les interminables déserts. Mais, je le sens, son plus beau voyage n'est pas du même ordre. Son visage rayonne d'un teint si frais, son odeur est si douce et chaude, son regard si transparent! J'ai devant moi un ami transformé.

Seuls, les kilomètres parcourus ne peuvent justifier une telle métamorphose. C'est dans les profondeurs de son être que quelque chose s'est passé, conférant à sa personne tout entière une émotion nouvelle.

Ayant sillonné les continents africain, asiatique, américain et européen, ayant été confronté à un large éventail de cultures, du zen bouddhique aux transes des derviches tourneurs, de l'ascétisme brahmanique à l'hédonisme méditerranéen, il en était venu à réaliser qu'il lui était possible de vivre autrement. C'est bel et bien cela qui, aujourd'hui, donne à sa présence un éclat inédit.

Mon esseulement de tout à l'heure préparait un bien bel événement (évènement). Oui, je suis heureuse de m'être laissée déranger (laissé déranger).

Jean-Robert DUSSART et Gisèle PREGARDIEN


JUNIORS 2009
Diffamatoire (qui porte atteinte à la réputation de quelqu'un) - Un asseau (un marteau d'un ardoisier dont l'une des extrémités est une lame tranchante servant à couper les ardoises) - La suspicion (le soupçon, la méfiance) - Un cataclysme - Cathartique (qui purifie) - Rédhibitoire (qui constitue un obstacle, qui est suffisant pour justifier l'annulation d'un engagement) - Un eucalyptus - Un aphorisme (proposition résumant à l'aide de mots peu nombreux, mais significatifs et faciles à mémoriser, l'essentiel d'une théorie, d'une doctrine, d'une question scientifique) - Péremptoire (qui présente un caractère décisif excluant toute discussion, catégorique) - Une hygroscopie (mesure du degré d'humidité dans l'air)